Journal de Bord - Premiers Jours // Board Diary - First Days

Les terres australes… Un projet… certains l’auront nommé insensé, d’autres l’auront proclamé formidable. Assurément, il faut y trouver un peu des deux. Mais aussi une part de mystère, d’un choix qui ne se justifie pas, qui ne s’explique pas, qui ne se cherche nulle rationalité, le choix d’une aventure. Le choix de l’aventure…

C’est bercé par les faibles premiers rouleaux de l’océan Indien, au large de la Réunion, que j’entame ce journal, suivi intime et certainement non exhaustif, de cette escapade inattendue aux confins de notre monde.

Lundi 3 novembre 2008

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Les bagages déposés à bord du Marion-Dufresne, navire d’exploration des Terres Australes, un dernier bain de mer et de soleil (à la Réunion) est venu saluer notre départ. Instants de répit avant l’angoisse et l’exaltation générés par ce plongeon en un avenir incertain.

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Mardi 4 novembre 2008

Ce matin, au réveil, l’océan… une grande vague de bleu, uniforme et bigarrée, s’étale à tous cardinaux. Nous sommes bien partis. Plein sud, à 2500km environ, les Iles Crozet nous tendent les bras. A l’ouest, à 500km, au plus ou moins, repose Madagascar, écrasée de chaleur et de soleil.

Le bleu marine et sombre de l’océan jure, au travers du miroir de l’horizon, avec l’intense azur que crève un soleil incandescent. Le bateau étouffe sous la chape, bercé d’un incessant et faible roulis, et de l’entêtant ronronnement des machines.

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La première tempête est venue plus tôt que prévu. Elle est humaine, elle est mondaine. Grandes envolées préfectorales et ronds de jambes, la danse des terres australes est une bonne fois pour toute lancée.

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Jeudi 6 novembre 2008

Réveil ballonné ce matin. La course australe intensifie toujours la lutte de l’océan obstiné. Alors que jusqu’à présent, le Marion semblait tranquillement découper les vagues et tracer une route sereine au travers du grand bleu, ces vagues opposent maintenant un obstacle systématique à la progression du navire. (…)

Nous avons franchi les 40^ème Rugissants en fin d’après-midi ou début de soirée. Ce ne sont pour l’instant que de vagues rugissements incertains de faibles lionceaux. La houle grandissante a néanmoins contribué à faire fleurir les premiers malades à bord… je n’en suis pas pour l’instant, pas de médicaments, je tiens bon, espérons que ça dure. Crozet approche, plus qu’une journée et demi de navigation, nous devrions arriver samedi tôt dans la matinée.

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Austral lands… A project… some will have called it insane, others will have proclaimed it formidable. For sure, both of them have to be found in it. But a part of mystery as well, of a choice which is not to be justified, which is not to be explained, which doesn’t look for any rationality, the choice of an adventure. The choice of the adventure…

Rocked by the first weak rolls of the Indian Ocean, off La Réunion, I start this diary, intimate by surely non exhaustive monitoring, of this unexpected trip to the borders of our world.

Monday, 3^rd of November 2008

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Baggages being deposited on board of the Marion-Dufresne, boat for the exploration of Austral Lands, a last bath of sea and sun (in La Réunion) came to greet our departure. Times of rest, before the anxiety and the exaltation generated by this jump in an uncertain future.

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Tuesday, 4^th of November 2008

This morning, waking up, the ocean… a huge wave of blue, uniform and colourful, is lying at any cardinals. We indeed left. Straight to the south, 2500km away, the Crozet Islands promise us their arms. Western, 500km away, is lying Madagascar, crushed by heat and sun.

The marine and dark blue of the ocean contrast, across the mirror of the horizon, with the intense azure holed by an incandescent sun. The boat suffocates under the warmness, rocked by a never ceasing and soft wave, and by the never ending purring of machines.

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First storm came earlier than the plans. It is human, it is socialite. Speeches and flattery, the dance of Austral Lands in started for sure.

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Thursday, 6^th of November 2008

The austral race makes even more intense the fight of the stubborn ocean. Until now, the Marion seemed to be gently cutting waves and drawing a peaceful road across the great blue, these waves now oppose a systematic obstacle to the advance of the ship. (…)

We have went through the Roaring 40^th by the end of the afternoon or the beginning of the evening. They are only some vague roars of young lions. The increasing waves however contributed to make first sick persons on board flourish… I am not part of them for now, no medicines, let’s hope it will hold. Crozet is coming, only one and a half day of sailing, we should be arriving on Saturday in the morning.

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